Ils s'appelaient Jean Vincendon et François henry, ils avaient 22 et 24 ans. Amis, alpinistes amateurs rêvant d'aventure, de courses alpines et Himalayennes, ils entreprennent l'ascension de l'éperon de la Brenva sur le Mont Blanc.
Entre le 23 décembre 1956 et le 3 janvier 1957, ils sont coincés dans le massif du Mont Blanc et survivent 13 jours à 4000m d'altitude par des températures inférieures à -20°, avant de mourir gelés et après une lente agonie, faute de secours et à cause de l'incompétence et de l'indécision des hommes... Et pourtant ce n'est pas faute de militaires, de gendarmes, de guides, de moyens techniques.... Mais les secours en montagne n'existent pas encore l'hiver, où plutôt en sont à leurs balbutiements.
|
Vincendon et Henry (dont on devine les visages gelés) photographiés
par l'équipe de secours dont l'hélicoptère vient de s'écraser... |
Une histoire rocambolesque qui bouleverse la France entière durant ces vacances de Noël 1956-1957 du fait de la couverture médiatique sans précédent pour un tel épisode. Il faut dire que les deux hommes, coincés plusieurs jours sur un balcon de neige sont parfaitement visibles depuis la vallée, depuis Chamonix, si proche et pourtant si lointaine...
Il faut dire que l'histoire est à peine croyable : entre retard des secours, contretemps de la météo, refus des guides qui ne veulent pas risquer leurs vies pour deux "parisiens qui après tout l'ont bien cherché", caravane de secours menée par Lionel Terray, une figure de l'alpinisme de l'époque, qui fait demi-tour, hélicoptère pas adapté à l'altitude et qui finit par s'écraser... il y a de quoi en faire un drame !
C'est cette histoire émouvante qui était racontée par trois actrices samedi soir dans un spectacle,
Terrible bivouac, donné aux Halles de Bruèges, dans le froid (pas -20°, mais quand même !) et le dépouillement (public assis sur des cartons). Un spectacle épuré certes, mais tellement poignant, tellement humain...
Et pourtant toute cette histoire, entre bassesses, hésitations, maladresses et petits renoncements est une histoire d'abandon. Il n'y a qu'à voir l'émotion encore intacte de certains des protagonistes du drame sur le reportage ci-dessous, pour se rendre compte de l'impact de celui-ci.
Reste que ce drame est à l'origine de l'organisation des secours modernes en montagne, y compris l'hiver, avec en particulier l'usage systématique de l'hélicoptère... mais pas des vieux et lourds Sikorsky à moteur à pistons ne supportant pas l'altitude, mais des modernes et légères Alouettes à la turbine bien plus performante par manque de pression atmosphérique.
Pour en savoir plus, vous pouvez lire
cet article ou regarder ce passionnant reportage en 3 parties que France 5 a diffusé en 2006 pour les 50 ans de ce drame.
Naufrages-Mont-Blanc-1 par troupe-agape
Naufrages-Mont-Blanc-2 par troupe-agape
Naufrages-Mont-Blanc-3 par troupe-agape