mardi 22 janvier 2013

Cinéma hollywoodien, une rentrée en fanfare !

En cette nouvelle année, Hollywood nous rappelle à quel point c'est une machine parfaitement huilée et prompte à mettre en scène les enjeux stratégiques du moment et à revisiter l'histoire... voire à faire les deux en même temps. Pour les TS avec qui nous avons beaucoup parlé cinéma et histoire cette année, mais aussi pour tous les autres, amateurs de cinéma américain, voici une petite sélection.

En matière d'histoire des Etats-Unis, le très attendu nouveau Spielberg, qui nous livre un "biopic" d'une des grandes figures de l'histoire américaine : Lincoln. Ce simple titre éponyme nous rappelle la puissance évocatrice du nom du 16e président des Etats-Unis. Car il s'agit bel et bien d'une des figures tutélaires de ce pays, d'une sorte de statue du commandeur que Spielberg, par la magie du cinéma entend faire revivre, d'un nom doublement emblématique de l'unité nationale américaine :  Lincoln est à la fois celui qui lutte pour l'unité territoriale contre les états confédérés du Sud faisant sécession mais aussi celui qui proclame l'abolition de l'esclavage et entend achever ainsi l'unité du peuple américain. 
Qu'un tel film soit fait dans un temps où la société américaine semble tiraillée entre ces influences anglo-saxonnes et latinos, entre les libéraux et les mouvements Occupy, entre la population des grandes villes et celle des grandes plaines et du sud, entre l'Amérique de Clint Eastwwod et celle de Mickael Moore, entre l'Amérique d'Obama et celle de Romney, nous en dit long sur cette société et ses doutes et le besoin de revisiter un passé héroïque. 
Car il est assez vraisemblable que c'est bien le portrait d'un héros que va brosser Spielberg, et ce n'est pas un hasard s'il a choisit de situer son film au moment où Lincoln cherche à faire adopter, contre vents et marées, le fameux 13e amendement qui abolit l'esclavage.
Sans préjuger de la qualité du film, il est au moins une raison pour laquelle il devrait se laisser regarder : le choix de Daniel Day Lewis pour incarner Lincoln car pour cet immense acteur, incarner un personnage n'est pas un mot galvaudé. Il n'y a qu'à se souvenir de ses prestations hallucinantes d'indien dans Le dernier des Mohicans de Michael Mann, de chef de gang sanguinaire dans Gangs of New York de Martin Scorsese, ou de prospecteur de pétrole dans There will be blood de paul Thomas Anderson... films qui sont autant de morceaux de bravoure qui revisitent des pans entiers de l'histoire des Etats-Unis. Quant à Spielberg, ce n'est pas un perdreau de l'année et il n'en est pas non plus à son coup d'essai en matière de film à fort contexte historique : de La couleur pourpre à Cheval de guerre en passant par L'empire du soleil, Amistad, La liste de Schindler, Munich ou Il faut sauver le soldat Ryan, nous n'avons que l'embarras du choix...

He's back. Dans un tout autre genre, on peut saluer le retour sur les écrans de "Governator" alias Arnold Shwarzenegger. Dans Le dernier rempart, il campe un shérif d'une bourgade perdue de Californie qui a la malchance de se trouver sur le trajet d'une bande de trafiquants de drogue surarmés cherchant à gagner la frontière mexicaine. Un scénario simpliste mais qui devrait satisfaire les fans de cinéma d'action. Si on fait une lecture plus politique du film, en tous cas de la bande annonce, on peut se demander si la NRA n'a pas mis quelques billets verts dans le financement : la morale semble être que le bon shérif et sa bourgade de gentils péquenots tuent les méchants (qui l'avaient bien cherché tout de même !) grâce au véritable arsenal d'armes de toutes sortes que les habitants abritent chez eux... De là à encourager la détention d'armes lourdes chez soi... Drôle de morale par les temps qui courent, mais parait-il que la surenchère de répliques drôles et bien senties ainsi que la  bonne dose d'auto-dérision dont fait preuve l'ex-Terminator et ex-gouverneur de Californie vaut le détour. A moins que la morale ne tienne finalement que dans le titre...



Dans la même veine que les précédents films apocalyptiques style Armageddon, Le jour d'après, 2012 voire The Avengers,  World War Z nous rejoue l'imaginaire de la menace à l'échelle mondiale... 
Cette fois, il ne s'agit pas d'une météorite géante qui percute la terre, d'un dérèglement climatique instantané, d'un calendrier maya ou bien de hordes d'envahisseurs venus de l'espace, mais... de zombies. Le film adapté d'une roman de Max Brook qui a semble-t-il eu un certain succès, retrace l'histoire de la guerre mondiale contre une pandémie "zombiesque"et semble être un "prequel" de "Je suis une légende"... Seulement un film millénariste à effets spéciaux de plus ? A voir...



Beaucoup plus réaliste, en tous cas qui est vendu comme tel, le Zero Dark Thirty de Katrin Bigelow, entend retracer les 10 années de traque de l'ennemi public n°1 des Etats-Unis depuis 2001, Usama Ben Laden... rien moins. Après Les démineurs, la réalisatrice qui s'est fait une spécialité des films de sécurité nationale bourrés de testostérone, livre un nouveau chapitre de la "war on terror" des années Bush. Surement très efficace et qui devrait valoir au moins par sa reconstitution minutieuse de l'assaut de la résidence de Ben Laden à Abbottabad. Sur ce point en effet la documentation dont a pu disposer la production est assez importante avec en particulier un récit de l'assaut décrit dans un livre, "No easy day"de Mark owen, un des membres du commando SEAL qui y participa. Il est probable que pour ce film, les studios hollywoodiens n'ont pas du beaucoup ramer pour obtenir de l'armée US tous les moyens matériels, techniques et humains dont ils avaient besoin ! Malgré tout, on peut noter que ce film fait aujourd'hui doublement polémique aux Etats-Unis : d'une part Katrin Bigelow est attaquée pour avoir fait un film que certains jugent trop "propagandiste" et d'autre part, pour avoir inclus dans le film des scènes de torture. Certains l'accusent de justifier ainsi la torture sur le thème "la fin justifie les moyens", alors que d'autres y voient une falsification de l'histoire car ce n'est pas de la torture d'un prisonnier qu'est venue l'information cruciale de la présence de ben Laden dans une villa pakistanaise. Pour approfondir le sujet vous pouvez lire cet excellent article du Monde.fr

Enfin, pour se détendre un peu, on peut aller voir le dernier Tarantino : Django unchained. Une sorte de western déjanté qui joue lui aussi sur le thème de la libération des esclaves dans les Etats-Unis du XIXe siècle. Salué par la critique, comme d'habitude, ce Django là doit valoir le détour.

Pour les plus récents amateurs du cinéma de Tarantino, on peut conseiller de voir le film qui a lancé sa carrière : Reservoir dogs. Une bande d'escrocs, un hold up qui tourne mal, un traitre, tout le monde soupçonne tout le monde, un montage tout en flash-back et une bande son merveilleusement kitsch, tous les ingrédients y sont. Attention tout de même à quelques scènes difficiles...


Enjoy !

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