lundi 7 octobre 2013

James Nachtwey, photographe de guerre

Cet article est inspiré par le sujet de TPE qu'a choisi un groupe de ma 1ere L, mais s'adresse à tous !

Depuis que ces élèves se sont lancées dans ce TPE mon attention sur le sujet s'est aiguisée.  Ainsi  quand j'entends ce midi que l'émission La grande table sur France culture est consacrée à un photographe de guerre mondialement célèbre, James Nachtwey, mon sang ne fait qu'un tour, j'augmente le volume tout en abandonnant mon épluchage des chataignes récoltées dimanche... bref, je ne vais pas vous raconter ma vie.

Quand je dis photographe célèbre, je précise que pour ma part je n'avais jamais entendu le nom de James Nachtwey jusqu'à aujourd'hui. Il faut un début à tout et je remercie mes élèves de 1ere L d'avoir choisi ce sujet qui m'a mis sur sa piste. J'espère à mon tour vous fournir un peu d'inspiration.

James Nachtwey devant "Sacrifice", fresque de 11 mètres composée de photos de soldats blessés en Irak. (ARNO BURGI/EPA/MAXPPP)

L'emission du jour donc lui est consacrée à l'occasion de l'ouverture des Rencontres Photographiques Bayeux Calvados qu'il préside cette année après avoir remporté par 2 fois le prix des correspondants de guerre.


L'émission est à réécouter ici, l'interview démarre au bout de 6 minutes. 

L'entretien est passionnant, par la voix profonde et grave du photographe, par ses propos empreints d'une humanité bouleversante quand on songe que cet homme a été au coeur des pires conflits depuis 1981, mais aussi par la justesse de ses analyses sur le rôle et la place du photographe dans nos sociétés démocratiques.

Au passage je rends hommage à la radio qui laisse l'invité s'exprimer en anglais avant de proposer une traduction de ce qu'il dit : une aubaine pour moi et tous ceux qui veulent s'entrainer à l'anglais et un délice à entendre !

C'est un homme réellement habité par une mission que l'on découvre, celle de témoigner des horreurs de son temps afin d'éviter qu'elles ne se reproduisent. C'est d'ailleurs avec cette "profession de foi" que James Nachtwey accueille les visiteurs de son site internet



"I have been a witness, and these pictures are
my testimony. The events I have recorded should
not be forgotten and must not be repeated."



Enfant soldat au Congo, James Nachtwey, 2008



Pour être sûr que cette mission soit remplie, notre homme s'est fixé une ligne de conduite : tout photographier, tout montrer. C'est aux journaux, à la presse de juger si les photos sont montrables ou non, mais lui veut tout capturer, même ce qui n'est pas montrable. 

Pour cela, il a fait sienne la devise de Robert Capa "si la photo n'est pas bonne c'est que je ne suis pas assez prêt". En la matière cet illustre prédécesseur en connaissait un rayon, lui qui débarquait à Omaha Beach avec la 1ere vague d'assaut des GI's américains... 

Un GI américain pris par Robert Capa, Omaha Beach, 6 juin 1944
... ou fixait la mort d'un soldat républicain espagnol au coeur des combats dans la région de Téruel :

Robert Capa : Mort d'un milicien espagnol, 1936

Une photo qui n'a pas fini de faire parler d'ailleurs tant elle a été soumise à controverse... mais c'est une autre histoire, qui vaudrait à elle seule un long article. 

Quant à Robert Capa, il paie de sa vie cette volonté d'être au coeur de l'action : tué par une mine en Indochine le 25 mai 1954 alors qu'il couvre la guerre d'Indochine aux côtés de l'armée française. 



James Nachtwey, en digne héritier de Capa veut lui aussi être au plus prêt de l'action : cette photographie ci-dessous en témoigne.



James Nachtwey, au plus prêt de l'action

         

Cette image est absolument saisissante, d'abord parce que l'on n'a pas l'habitude de voir ainsi le contrechamp d'une photographie de guerre, mais aussi par ce qu'elle raconte de la détermination de notre homme à témoigner en toutes circonstances. 

Cette image est d'ailleurs celle de l'affiche d'un documentaire de 2002 "War Photographer" qui lui est consacré.                                   


Il est le fruit d'un travail incroyable que mène le cinéaste suisse Christian Frei auprès de James Nachtwey, qu'il suit partout pendant 2 ans. Il a entre autre l'idée géniale de fixer une mini caméra sur le boitier du photographe, de sorte qu'il peut filmer  tout ce que voit ce dernier. Cela permet aussi de montrer à quel point le photographe est proche de l'action, mais aussi de réfléchir à ce qu'il choisit de photographier. 

Ces images sidérantes sont visibles sur la bande annonce ci-dessous :




Pour terminer cet article je vous invite à regarder un extrait de ce film où Nachtwey explique, en anglais (les euros c'est pour vous !), la vision qu'il a de son métier et de sa mission de photographe de guerre...





... ainsi qu'une conférence qu'il a donnée en mars 2007 aux Etats-Unis, dans laquelle il raconte son parcours, ses idéaux et sa mission.  

La conférence est illustrée par un grand nombre de ses remarquables photos, prises sur tous les théâtres de conflit, de l'Irlande du Nord à l'Afrique du Sud, de la Yougoslavie à la Tchétchénie, de l'Afghanistan à l'Irak, du Rwanda au Nicaragua... 

Là aussi c'est en anglais, mais les sous-titres sont en français. Pour ceux qui le veulent sans sous-titres ou avec des sous-titres anglais, c'est ICI.




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